visite en nacelle du gouffre de proumeyssac
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L’arrivée dans le gouffre se fera à mi-hauteur d’une des parois, sur une plate-forme de 23 tonnes réalisée par l’architecte bordelais Raoul Jourde, auteur du stade de Bordeaux, et l’ingénieur Massé. De là, le visiteur bénéficiera d’une vue d’ensemble exceptionnelle. Le gouffre s’ouvrant assez loin de la route, il sera facile de rejoindre la surface moyennant une faible pente.

Si la réalisation d’une tranchée de 70 mètres, à l’air libre, par une entreprise locale, ne pose pas de problème, il n’en est pas de même pour le tunnel proprement dit, qui lui fait suite : 112 mètres à creuser dans le roc. Il faut faire venir de Suède un spécialiste de la mine qui, avec l’entreprise Labaudinière de Brive (Corrèze), se livre à un délicat travail afin de ne briser aucune concrétion.
Pour la portion la plus proche du gouffre, c’est un maître-carrier de Paussac, M. Large, qui, à partir de la cavité, doit effectuer une dizaine de mètres de percement à l’aide d’outils à main. Les deux sections se raccordent à la perfection. Le dernier coup de pioche sera “officiel“ et le champagne offert sur le plateau d’une camionnette installé dans cet immense parking boisé, consacre l’événement en présence d’amis et de notoriétés du département. Nous sommes le 28 février 1957. L’aménagement n’est pas terminé pour autant. Il y a des travaux à terminer, l’éclairage à fignoler, les extérieurs à nettoyer...

Bref, ce n’est que le jour de la Pentecôte 1957 que les guides en grand uniforme, coiffés d’une casquette galonnée et marquée aux initiales “G.P.“ (il y a là, Roger Francès et Fernand Soulié, les fils des inventeurs, Eyrignoux et Mérillou), peuvent prendre en charge les nombreux visiteurs qui se pressent pour admirer “la cathédrale de cristal“. Proumeyssac a retrouvé sa pleine activité d’antan.

Marcel Maufrangeas, malade, ne profitera pas longtemps de ce gouffre réhabilité. Il quittera ce bas-monde, laissant le poste de directeur à Georges Laville, un commerçant apprécié au Bugue pour son dynamisme, son ardeur au travail et son esprit de créativité. Celui-ci, dans le même temps, prend la tête du Syndicat d’Initiative. Bien sûr, depuis 1957, les visites succèdent aux visites et la fontaine pétrifiante continue de recouvrir de brillantes paillettes de calcite, les objets qui lui sont confiés. Bien sûr, on pourrait s’en tenir là... Mais le démon de l’aventure, l’attrait de l’inconnu et le désir de faire encore mieux, subsistent toujours... Ce serait, si l’on s’arrêtait là, compter sans l’amour de Georges Laville pour ce gouffre et sans ses idées de recherches et d’améliorations...
Mais revenons donc un peu en arrière !

En 1907 déjà, E.-A. Martel envisageait l’existence d’un réseau plus profondément enfoui : “Actuellement, le ruisseau qui l’a pratiqué sans le terminer, est ou bien tari, ou considérablement diminué, en tout cas enfoui en profondeur sous le cône de débris. Son existence est prouvée par deux faits :


1 - Une petite source existe à l’Ouest, à Perdigat sur la rive gauche de la Vézère, à un niveau inférieur au fond du gouffre (je n’ai pas eu le temps d’aller le voir).

2 - Plusieurs des colonnes stalagmitiques au pourtour du cône de débris sont rompues en leur milieu ; on sait que ce fait, fréquent dans les grottes, témoigne de tassements souterrains généralement dus au travail d’eaux courantes (connues ou non) qui continuent leur travail de sape. Quant à retrouver le cours du ruisseau, comme l’espère M. Galou, cela me paraît bien aléatoire et subordonné au pur hasard ; on ignore l’épaisseur du cône de débris ; elle peut mesurer plusieurs décamètres. Et la calcite si dure à crever, a muré absolument toute la circonférence inférieure du gouffre ; vainement, on a brisé déjà en quelques points ce revêtement obturateur. Son bouchon n’a livré aucune solution de continuité suffisante pour continuer l’exploration. Rien ne laisse préjuger en quel point il y a plus de chance de parvenir à une galerie accessible. J’ajoute que, selon toute vraisemblance, c’est seulement dans une direction, celle (tout à fait ignorée) de l’amont du courant qu’un ample couloir risque d’exister“.


Puis, dans les années 50, Norbert Casteret déclara aux journalistes :
“Il n’est pas impossible qu’un lac existe mais je ne peux rien affirmer. Seules, des recherches poussées donneraient des résultats“. Et la presse de 1956 révélait même : “Une faille a permis, en effet, un sondage. A 33 mètres, on n’a pas trouvé de fond ; il existe donc sous Proumeyssac un autre Proumeyssac, vraisemblablement plus vaste“.


Georges Laville décide donc, en 1973, de commencer par ce qui semble devoir être le commencement : l’évacuation des éboulis ! Ceci permettant de redonner au gouffre sa configuration naturelle, et -au-delà- peut-être pourrait-on découvrir de nouvelles galeries...


Ce n’est pas une mince affaire ! Mais il ne s ’en effraie pas et soutenu par son ami administrateur, R. Laval, il s’attaque au projet. Après bien des aléas, une imposante grue fait son apparition aux abords de l’orifice naturel du gouffre, plonge sa mâchoire monstrueuse dans ce trou et en extrait sa première pelletée de gravats


Ainsi, durant 1974-1975, le gouffre est débarrassé d’une bonne partie de son énorme cône d’éboulis. Les tonnes de pierrailles qui y furent jetées jadis, ainsi que les produits des “éboulements naturels“ sont ramenés à la surface et évacués : 400 m3 de déblais sont ainsi mis ou remis au jour...
Dans ces tonnes de pierrailles... un examen attentif permit de découvrir des ossements d’animaux, des outils plus ou moins anciens, mais aussi des ossements humains (dont un morceau de crâne) qui pourraient apporter confirmation aux dires des braves gens du Moyen Age. Plus ancien encore, fut retiré des gravats, un coffret de pièces de bronze, appelées “blancs“ ou “douzains“ et frappées aux armes de François 1er. Tous ces trésors sont visibles dans le musée du site.


Depuis, à la charnière des années 1980-1990, sous l’impulsion de Madame Duret qui a repris le flambeau laissé par son père M. Laville, le gouffre s’est vu doté d’un nouvel éclairage très performant et d’une sonorisation, pilotés par ordinateur, de bâtiments d’accueil comportant musée, librairie, bar, boutiques de souvenirs et salles d’exposition. 1990-1998 : l’équipe Madame Duret-Alain Francès consacre toujours tous ses efforts pour l’amélioration et l’animation de ce gouffre. Naissent de leur collaboration, la surveillance des visites par caméras et télévisions, l’agrandissement d’un bon tiers de la plate-forme, l’accompagnement du service des guides par micros H.F.

Les propriétaires sont toujours les Francès, Soulié, et consort : les petits-fils et arrière-petits-fils des “aventuriers“ de 1907...
Des tentatives, pour l’instant (mais pour l’instant seulement !) restées infructueuses, n’ont toujours pas permis de rejoindre le réseau actif qui doit pourtant se développer sous l’éboulis du fond du gouffre et qui continue de faire rêver touristes et spéléologues...